Cécile Mella - DREAMLAND
Du 1er juin au 24 juillet 2021
Visite libre
Depuis plus de dix ans, la photographe Cécile Mella s’immisce sur des plateaux de tournages cinématographiques et télévisuels à travers le monde, observant comment l'industrie filmique colonise des territoires naturels ou urbains, afin d’y déployer des scénarios fictifs. Voilà ce que propose de nous révéler le projet Dreamland.
La série nous livre des récits dans le récit : au moyen de plans larges qui montrent les plateaux et dévoilent les coulisses, de plans rapprochés d’acteurs ou de techniciens, de détails de décors, la photographe se réapproprie les intrigues et les paysages en jouant du faux et du vrai et rapporte des images qui oscillent entre poésie et absurde.
Dreamland transporte le visiteur, des territoires envahis le temps d’un tournage à ceux de nos imaginaires collectifs, auxquels ils se destinent.
En contre-point, une collection de portraits de figurants met en lumière ceux qui bien souvent ne servent que « d’éléments vivants du décor » (1). Ils sont mannequins, comédiens, retraités, étudiants, avocats ou mécaniciens dans la vie et deviennent, le temps d'une prise, sirènes, pères Noël, policiers ou prisonniers pour l'expérience ou le cachet.
À côté des portraits, un espace est dédié au cas d’étude qu'est la figure imposée de la scène de crime dans les téléfilms et séries tournés en région. Fabien Malot, photographe de plateau, est invité à présenter 16 images tirées de ses archives. Mises bout à bout, elles laissent apparaître le systématisme des codes visuels déployés pour nous divertir. Leur agencement en frise sur une carte géographique dont les lieux des crimes fictifs sont matérialisés par des croix, nous invite à replacer ces fictions dans des paysages bien réels.
Cette exposition est l'occasion de revisiter un travail photographique présenté à plusieurs reprises, et de l'augmenter d’œuvres plastiques conçues pour l'occasion.
Ainsi, une boucle vidéo fait défiler les spots publicitaires ou extraits de films, téléfilms et séries dont sont issues les photographies du projet Dreamland. Cette vidéo donne le contexte nécessaire pour mieux déchiffrer pour qui et pour quoi ces scènes figées par la photographe ont été tournées. Et d’amorcer une réflexion sur la nature et la fonction de ces image culturelles constituées : quel type de récit pour séduire qui, pour vendre quoi ?
Encore, un totem composé des fléchages utilisés par les régisseurs pour baliser les lieux de tournage nous rappelle le caractère intrusif de la fiction sur nos territoires du quotidien.
Enfin, une installation de multiples écrans de télévision diffusant la même photographie déclinée à des degrés divers d’altération donne à voir le caractère malléable de l'image et la plasticité des supports qui l'incarne.
(1) : Planter le décor. Une sociologie des tournages. Par Gwenaële Rot, 2019, Presses de Sciences Po.