La restauration est une étape non systématiquement mise en place dans le processus de conservation. Lorsqu'elle est nécessaire, elle vient compléter les interventions de conservation curative menées directement sur un document. La restauration a pour but d'en améliorer la lisibilité et la compréhension mais aussi de le consolider et de rétablir sa fonctionnalité. Les diverses interventions de restauration sont donc menées pour des raisons essentiellement esthétiques et s'attachent à mettre en valeur les documents, choisis notamment en vue d'expositions.
Le cadre de restauration
Il existe différentes étapes d'intervention mais elles ne sont pas systématiquement mises en œuvre suivant la nature des documents concernés et leur état de conservation. En effet, il est primordial d'intervenir à bon escient et de manière minimaliste sur les ouvrages afin de leur garantir une pérennité optimale dans le temps. Cette volonté prend en compte le cahier des charges du Service Interministériel des Archives de France et respecte la déontologie du métier de restaurateur qui se base sur trois principes essentiels :
Les principes essentiels de la restauration :
- la stabilité et l'innocuité dans le temps des produits et matériaux utilisés
- la réversibilité des interventions et des matériaux apportés permettant à l'œuvre de retrouver son état antérieur si nécessaire
- la lisibilité de l'intervention qui ne doit pas au final attirer le regard mais qui se doit de rester visible pour un œil exercé
Ces principes invitent ainsi à respecter l'intégrité physique et l'histoire des documents qui ont souvent traversé plusieurs siècles pour arriver jusqu'à nous.
Par exemple, l'intervention sur un document manuscrit présentant des lacunes consistera à combler ces altérations avec un papier de conservation (neutre) présentant le même grammage ; en aucun cas le restaurateur ne devra réécrire le texte disparu.
L'atelier de restauration des Archives de l'Hérault
Afin d'assurer une qualité de travail permettant la conservation sur le long terme, ces opérations ne peuvent être menées que par des professionnels diplômés et reconnus. Les Archives départementales de l'Hérault ont un atelier depuis 1983. L'activité de celui-ci est centrée sur la restauration du papier et du parchemin, des sceaux et des reliures. Il est possible de le visiter lors des visites de groupe.
Restauration du papier
Les opérations les plus courantes à conduire pour la restauration du papier sont :
- nettoyage méticuleux et soigneux avec un pinceau doux
- humidification (eau et éthanol) du document
- comblage des lacunes avec du papier japon
- doublage partiel ou total avec un papier japon très fin
- séchage et mise en presse
Restauration du parchemin
Les altérations les plus courantes, causées par l'humidité, gonflent le parchemin qui devient opaque et rigide avec l'impossibilité d'ouvrir le document, les micro-organismes provoquent des taches irréversibles avec des pertes de textes et de fibres. Les opérations de restauration sont alors :
- nettoyage à sec, gommage
- remise à plat sous gore-tex
- comblage des lacunes avec du papier japon ou du parchemin
- séchage sous poids avec des buvards des feutres pendant plusieurs jours
Restauration des sceaux
Les sceaux sont très fragiles et souvent mal conditionnés. Lorsqu'ils sont dégradés il faut le plus souvent procéder à l'ensemble des tâches suivantes :
- nettoyage du sceau à l'aide d'un pinceau
- nettoyage par voie humide
- soudure des fragments à chaud
- les lacunes sont comblées avec un mélange de cire et de paraffine teintée avec des pigments purs et stables
- le comblement permet la lisibilité de l'intervention
- le sceau est conditionné dans une mousse évidée
Restauration des reliures
Avant toute intervention sur un document, un constat d'état est établi. Il définit très précisément l'état de l'ouvrage. Ce descriptif est accompagné de photographies. Après l'analyse des causes de dégradation du document, différents choix sont possibles :
- Une intervention minimale qui consiste à un nettoyage et un entretien des cuirs ainsi que la confection d'une protection (simple conditionnement de papier neutre, boîte sur mesure), quand le document n'est pas altéré, ou la reliure non codifiée.
- Une intervention légère, quand seules quelques lacunes fragilisent la reliure.
- Une intervention lourde si la structure de la reliure est en péril. Elle demande d'intervenir uniquement sur les parties endommagées, en conservant le maximum d'informations qui donnent l'identité de la reliure. Toutes les opérations de restauration doivent être lisibles et réversibles. Les éléments qui n'auront pu être restaurés seront conservés si possible avec le document (double-fond dans la boîte de conservation par exemple).
Toutes les opérations effectuées sont notées dans le constat et photographiées.
Les cahiers des charges de la Direction des Archives de France et de la Bibliothèque Nationale de France sont scrupuleusement respectés.
Avant toute restauration de reliure, le document est collationné, pour vérifier son intégrité. Puis, le cuir de couvrure est nettoyé et ciré. Les manipulations nécessaires à la restauration sont ainsi moins traumatisantes pour le cuir réhydraté et assoupli.
ATLAS
Coiffe d'ouvrage dégradée par la manipulation
Coiffe d'ouvrage restaurée
La coiffe était déchirée au niveau du mors et lacunaire. Les comblages de lacunes de cuir se font généralement avec du veau, peau appréciée en restauration pour ses résistances mécaniques.
CARTULAIRES DE VALMAGNE
Reliures médiévales recouvertes d'une peau de veau sur ais de bois. Les corps d'ouvrage sont en parchemin.
Au fil du temps, les plats se sont détachés, les nerfs de couture se sont rompus, les ais de bois ont été endommagés par de nombreuses attaques d'insectes.
Lors de la restauration, les ouvrages ont été démontés, les ais de bois restaurés, les coutures refaites à l'identique et les couvrures comblées avec des pièces de cuir neuves.
ABBAYE SAINT-GUILHEM-LE-DÉSERT
Restauration d'une reliure du début du XVIIIe., pleine peau de mouton.
La tranchefile de tête était manquante. Elle a été refaite à l'identique de la tranchefile de pied, avec du fil de lin teinté puis protégée par un papier japonais. Ce papier est apprécié en restauration pour ses fibres longues et résistantes. Une fois le cuir d'origine élagué, une pièce de cuir parée a été mise en place. La colle d'amidon utilisée a un PH neutre et elle est réversible. La mise à la teinte et le cirage ont constitué la touche finale.
Restauration d'une reliure XVIIIe s.
La couture n'était pas à refaire. Les plats ont été rattachés au corps d'ouvrage. Le dos a été recouvert en veau puis le dos d'origine réincrusté. Les chants des plats ont été restaurés avec du papier japonais teinté. Les gardes de papier vergé, restaurées et replacées.
Bibliographie
- Giovannini (Andrea), De Tutella Librorum, La conservation des livres et des documents d'archive, IES Editions (édition bilingue français-allemand)
- Liénardy (Anne) et Van Damne (Philippe), Interfolia - manuel de conservation et de restauration du papier, Institut royal du patrimoine artistique, Bruxelles, 1989.