Présentation
Du 21 octobre au 31 décembre 2020 et du 1er janvier au 9 mars 2021
Cette exposition de 26 panneaux inédits et de documents d'archives originaux présente la richesse de nos produits locaux à travers l'histoire.
Nos aliments ont une histoire
Les dépenses alimentaires témoignent des traditions culinaires d’une époque, d’un milieu social, d’une région. Elles permettent à l’historien de reconstituer une histoire du goût à travers la réalité des consommations, la fréquence d’achat des aliments, les rythmes saisonniers, le respect ou non des fêtes religieuses (Carême, Carnaval)… Pourtant l'histoire de l'alimentation et des attitudes devant la nourriture se heurte à des obstacles. La dispersion des sources disponibles, des documents chiffrés fragmentaires, des témoignages partiels et lacunaires restreignent l’interprétation.
Toutefois les archives publiques de l’Hérault regorgent d’informations sur les habitudes de consommation à travers des documents aussi divers que les mercuriales (tableaux portant les prix des denrées vendues sur les marchés), les tableaux du maximum de 1793, les compoix et cadastres, les inventaires après décès, les comptes et budgets des hôpitaux, les dossiers de fraudes alimentaires, les documents de police administrative sur les émeutes dues aux crises frumentaires (rapports des préfets, des bureaux de bienfaisance, etc.), les statistiques agricoles…
De même, les archives privées sont précieuses pour saisir certains modes de vie qui nous sont devenus étrangers, chiffrer les dépenses des ménages : livres de raison, journaux intimes, carnets de comptabilités bourgeoises, livres de recettes culinaires…
Parmi les sources imprimées, il est essentiel de dépouiller annuaires départementaux, recensements, statistiques générales, monographies locales, bulletins des Sociétés d'horticulture, d’agriculture, sans oublier les dictionnaires et lexiques imprimés de la langue occitane. C’est ainsi que tous les mots et expressions en occitan liés à la nourriture, que l’on trouvera dans cet ouvrage, ont été tirés du Dictionnaire languedocien-français, de Pierre Augustin Boissier de Sauvages, publié à Nîmes en 1756. Au XVIIIe siècle, le modèle culturel français a triomphé. L’occitan, s’il est parlé n’est plus écrit. Les savoirs populaires et notamment alimentaires vont cependant se maintenir grâce à l’ethnologie naissante.
Aujourd’hui, on ne saurait négliger les enquêtes orales qui nous permettent de saisir une réalité laissant peu de traces écrites et de percevoir la pluralité locale des rites et pratiques alimentaires d’autrefois.
L'histoire du goût touche tout à la fois à l'histoire économique, sociale, médicale, mais aussi à la géographe, au folklore, à l'histoire des mentalités.
Je chante les moissons : je dirai sous quel signe
Il faut ouvrir la terre et marier la vigne ;
Les soins industrieux que l’on doit aux troupeaux ;
Et l’abeille économe, et ses sages travaux.
Virgile, Les Géorgiques, livre I